Apprendre de ses faiblesses....

Je discutais, hier, avec une copine. Qui me racontait un bout de sa vie. A un moment, elle me dit:

-"Tu voudrais pas revenir en arrière, vers 25-30 ans, et faire autrement, un moment de ta vie?"

Première réponse:

-"Ah non! J'en ai trop bavé, je l'aime comme elle est ma vie!"

En effet, malgré les hauts et les bas, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui, s'il en avait été autrement. Avec du recul, je me dis que je ne regrette rien. Mais par contre, je ne revivrais pas tout ça, pour tout l'or du monde.

Puis, cette nuit, j'ai rêvé. C'est fou comme chez moi, tout va vite. J'suis fatiguée? Mon corps, rapidement me fait signe. Je cogite trop, mes rêves reflètent mes questionnements.

Bon, le rêve, en lui-même, c'est presque rien. J'étais au Québec, et un homme, avec qui je travaillais, m'aimait et me le montrait. Au réveil, tout à coup, un souvenir me revient.

En fait, même si on pouvait retourner en arrière, on ne pourrait rien changer. Parce que, ce qui nous fait, commence au berceau, et la-dessus, nous n'avons aucun pouvoir. Des événements, dans ma jeunesse, ont fait que j'ai manqué d'estime et de confiance en moi. Devenue adulte, j'ai maintenant le pouvoir de changer cet état, mais plus jeune, je n'y pouvais rien.

Mais, à la question de ma copine, j'aurais pu dire ceci: Il y a un moment de ma vie, que j'aurais voulu autrement, j'aurais aimé avoir confiance en moi, parce que je suis passée à côté de plein de chose qui auraient pu m'apporter un peu de bonheur.

Jeune, entre 16 et 30 ans (snif...quand j'pense que c'est moi qui dis qu'à 30 ans on est jeune!...J'me sentais tellement vieille dans ce temps là!:) ), j'étais exubérante au possible, j'ai fais les 400 coups, malgré qu'à 20 ans, j'étais déjà maman. J'ai mené de front de nombreuses batailles, on croyait que j'étais un roc. En effet, j'ai toujours donné l'impression de force, de caractère, de maturité, et rarement les autres ont pu avoir une vraie idée de ce que je faisais ou qui j'étais réellement.

La partie de ma vie que j'aurais voulu autrement, c'est le jour où j'ai refusé de recevoir une marque d'affection, et qui sait, d'amour...Je ne le saurai jamais, ça restera un de mes plus grand regret.


Alors, l'histoire.

Je travaillais comme infirmière au Québec, je devais avoir environ 25-26 ans. Malgré mon âge, j'étais timide de façon maladive, mais tout ça, caché sous une épaisse couche de faux-self. Physiquement parlant, malgré que j'étais anorexique-boulimique depuis 2 ans, j'avais un corps mince et ferme, grâce à un entraînement physique horriblement intense. Un beau jeune homme, JG, infirmier, venait souvent discuter avec une autre soignante de mon unité.

JG était vraiment la coqueluche de l'hôpital, beau, cultivé, humoristique et tellement gentil. Assez rapidement, je me suis entichée de lui. En discutant avec lui, j'ai vite senti qu'il était très timide aussi, mais jamais je n'aurais pu pensé qu'il pouvait me trouver quoi que ce soit. Dans ma tête, j'étais grosse, bête et stupide, insignifiante quoi. (En fait, j'ai jamais pu "ressentir" que les gens pouvaient m'aimer, m'étant fermée pour ne pas souffrir.)

Peu à peu, j'apprenais à le connaître, à de plus en plus l'apprécier. Tous les gestes gentils qu'il avait à mon égard, je les mettais sur le compte de son amitié, mais je ne me serais jamais laissé aller à croire à plus. De mon côté, j'étais souriante, joviale, mais jamais je ne n'ai montré quoi que ce soit d'autre, de peur du rejet.

Peu de temps après, comble du bonheur pour moi, je suis engagée dans son équipe. Tous les jours, je rentrais travailler, les papillons au ventre, sachant que ma soirée serait bonne s'il était là. Dans plein de chose, je nous sentais complices. Lentement mais sûrement, je devenais amoureuse. L'autre infirmier qui bossait avec nous, JC, ami avec JG, faisait passer des messages. Une fois, en sortie de boîte, avec tous nos amis, il m'avait demandé si je trouvais JG à mon goût. Bien sûr, rouge comme une pivoine, j'avais répondu que, oui, c'est certain! Mais étant horriblement gênée par mon aveux, j'avais passé la soirée à l'ignorer!!!

Un jour, M, infirmière dans l'hôpital et ma meilleure copine, me dit qu'elle aime un infirmier et que, par chance, il travaille avec moi. Donc me demande s'il est possible que je joue les entremetteuses pour elle. Elle parlait de MON JG....

A ce moment, si je pouvais modifier les événements, ça aurait commencé ici, j'aurais commencé par lui dire que JE le trouvais séduisant, et qu'elle était MARIÉE!!!, et donc, qu'elle pense à son mariage d'abord, mais que si jamais, c'était plus fort qu'elle, bien qu'elle se débrouille toute seule!

Mon manque de confiance à tout bousillé. M étant quelqu'un que j'aimais beaucoup d'une part, je n'ai pas osé lui dire quoi que se soit. Dans ma tête, que les autres soient heureux était une nécessité, même à mon détriment. Puis, j'ai senti que je ne "faisais pas le poids". M était belle, grande, blonde, mince, gentille et n'avait pas un enfant de 5-6 ans.......JG étant, à mes yeux, le plus bel homme du monde, je ne pouvais imaginer qu'il m'aurait préféré. De toute façon, n'ayant jamais avoué mon béguin pour lui, je n'avais pas été blessée et si, au moins je pouvais faire plaisir à 2 personnes que j'estimais, j'aurais au moins été utile à quelque chose.

Alors, M s'est mise à nous suivre partout, mais jamais rien ne se passait entre eux deux. Un soir que JG nous invite tous chez lui, pour un dernier apéro, j'avais froid tout plein, disons que ça caillait grave chez lui. Je vais voir JG, à la cuisine, pour lui demander s'il n'avait pas un pull chaud. Il me dit de venir près de lui, prend mes mains dans les siennes et m'approche de son corps.

Honnêtement, il m'aurait ébouillanté avec de la graisse brûlante, je ne me serais pas éloignée plus rapidement. J'ai eu peur. Et encore plus peur à l'idée que M aurait pu nous voir. Peur qu'elle me rejette, ne voulant plus de mon amitié.

Plus conne que ça, tu meurs! Pas besoin de dire, que, si pour JG le geste avait été difficile (j'l'imagine), il a reçu une claque magistrale....J'espère juste que pour lui, ça n'a rien signifié et qu'il n'en garde aucun mauvais souvenir.

Pour ma part, j'ai par la suite fantasmé sur un baiser jamais reçu, sur des mots d'amour jamais dits, sur un futur jamais vécu. J'ai détesté cette dépendance affective, qui m'a pourri la vie, contre qui je me bat, encore souvent aujourd'hui.

Mais, comme le cours des choses est ce qu'il est, je n'ai plus de pouvoir sur le passé, mais j'ai appris de mes faiblesses. Et c'est sur ça que je travaille le plus fort. Accepter d'être aimée, accepter que je suis quelqu'un qui mérite de belles choses. Par contre, ne pas me perdre pour les autres.

Aujourd'hui, un peu de tristesse arrive, quand j'y repense, mais bon, ma vie est pleine de bonnes choses, et je refuse de m'accrocher en pleurant, à un passé qui ne reviendra pas, au risque de passer encore une fois, à côté des choses qui sont belles présentement.

Voilà, j'avais besoin de l'écrire, de me rendre compte que je peux être triste, sans pour autant me perdre dans la tristesse. Et que le fait d'y penser, peut même me donner le courage de changer ce que je peux changer.