Aujourd'hui, je décris une journée passablement difficile. Je l'écris parce que souvent les gens, même ceux qui me connaissent, n'ont pas idée des difficultés que j'éprouve, en faisant, somme toute, quelque chose qui pourrait paraître tout à fait anodin pour le commun des mortels. Ma journée d'aujourd'hui, m'a mise k.o. Ce soir, émotionnellement parlant, je suis "out".
Je l'écris aussi, parce qu'après une journée comme celle-ci, j'aurais tendance à banaliser ce que j'ai fais. A me dire que tout le monde le fait, alors pourquoi j'en fais tout un cirque. Mais la réalité est qu'aujourd'hui, je me sens super bonne. J'ai réussi des choses qui, en d'autres temps, n'auraient jamais pu être réalisées.
En plus de m'auto-juger, souvent la difficulté vient des commentaires des gens qui me sont chers. Ils ne peuvent pas comprendre. Tout ce qu'ils "voient", c'est que de un, j'ai hyper tardé pour faire ces démarches, et de deux, comme ça m'a pris toute la journée, ben la maison n'est pas "tip-top", d'autres démarches auraient pu être faites en même temps, "tant qu'à aller à la poste, t'aurais pu prendre mon colis!"...
Je l'écris aussi parce que, une des plus grosses difficultés, c'est les masques que je porte tous les jours, masque de compétence, masque souriant, masque de "Enwaye! chu capable d'en prendre".
Les gens ne peuvent pas comprendre, parce que, ça ne se voit pas. Du coup, quand mes incompétences apparaissent, ils voient ça comme de la nonchalance, de l'indifférence, ou bien, quelquefois, comme dit mon mari, des caprices.
C'est ma réalité, ces masques, et l'article de P'tit Rien m'a fait un effet "miroir".
Mais aujourd'hui, je dis "merde". J'ai fais beaucoup, même si j'peux paraître complètement "handicapée" pour d'autres, m'en fout!!! Je l'écris et ça me fait un grand bien!
J'ai des phobies, soit. Du coup, j'ai développé des toc, soit. Mais au moins, j'me soigne!
Je ne sais pas pourquoi j'ai crise de panique, chaque fois que je dois remplir des papiers administratifs. Je paralyse, ça me prend un effort presque surhumain pour arriver à commencer à élaborer un plan d'attaque.
-J'ai commencé à angoisser hier soir, sachant qu'aujourd'hui étant le jour "J".
-Ce matin, un livreur vient porter un serveur informatique qui pèse au bas mot, 50 kg. Il refuse de le monter au 2ème, veut que je le monte moi-même, ou bien que je le laisse en bas.
Ben oui! Du matos informatique qui coûte la peau des fesses!!!
-"Mais, madame, que voulez-vous que j'en fasse????"
-"Ou bien vous me le montez au 2ème, comme les autres livreurs, ou bien vous le reprenez!"
-"Mais, je vais en faire quoi?"
-"Vous en faites ce que vous voulez! Vous pouvez même vous le collez dans l'front!"
-"Merde!!!! Ça fait 1/2 hre de perdue!!!"
-"Ben c'est ça!!! Chacun sa croix!!!"
J'vous dis pas le degré de stress que j'me suis mise à ce moment là. J'avais envie de pleurer de rage. Rage que j'ai gentiment transmise à mon mari, qui s'est occupé de la bonne entreprise de livraison de "mes deux".
Sauf que disons que j'ai du descendre les tours avant de commencer mes démarches.
-Une fois moins enragée, et que j'ai réussi à me mettre en branle, je suis sortie chercher les papiers à remplir, au C.A.S.S.
-Me suis assise à un café (pas capable chez moi, trop angoissant), et j'ai commencé à remplir le formulaire. L'angoisse était tellement forte que j'ai du relire plusieurs fois les questions qui étaient assez faciles.
-J'ai noté les documents à y indexer.
-Étant près de la poste, j'ai profiter pour envoyer mon arrêt de travail au boulot.
Puis, retour à la maison.
J'ai du combattre une autre phobie, celle du téléphone...Je sais, personne ne me mangera au bout du fil, mais l'angoisse est immense quand même.
-Ai téléphoné à l'A.I. pour savoir si les papiers à indexer étaient les bons.
Puis, j'ai du réunir les papiers nécessaires à ma demande. Énervement maximal, incapable de retrouver ces dits-papiers, tachycardie, picotements aux membres, impression de perdre la tête.
Finalement, j'ai réussi.
-Retourne à la poste, fais des photocopies, perds au moins 4 litres d'eau tellement j'ai chaud, puis je réussis à poster le tout, enregistré-express.
-De retour à la maison, pas fini.
-J'ai encore du rappeler la CEH, ma caisse prévisionnelle, afin de savoir quand ils allaient commencer à me donner des prestations. J'ai du tout expliquer à la dame, hyper gentille heureusement.
-Finalement, il s'avère que l'hôpital, où je bossais, leur a donné les mauvais renseignements (si l'hôpital m'avait appelé avant de les contacter, j'en serais pas là.)
Donc, la gentille dame me demande d'appeler l'infirmière de Santé Publique du boulot, afin de m'expliquer avec elle et ainsi, que l'hôpital puisse envoyer un rectificatif au CEH, disant que je n'ai pas démissionné, mais bien que je suis en "invalidité".
Il est 16h00, je sais que je dois encore téléphoner à l'infirmière mais ce soir il est trop tard.
Me suis écroulée.
-J'ai peur de téléphoner demain, peur de me faire "chicaner, engueuler", peur qu'on me traite de conne de n'avoir pu faire tout ça avant. Peur aussi car j'envisage toujours le pire. Et si on ne voulait plus me payer? et si je ne pouvais plus payer ma maison? et si je me retrouvais à la rue avec mes gamines??????
-J'ai appelé, en pleurant, mon centre de tpl. Ils ont su me rassurer. Remettre l'église au milieu du village, me dire que j'avais déjà fait énormément, que j'étais bonne, et que même de les appeler, était presqu'héroïque de ma part. Ils ont compris l'enjeu du téléphone de demain, pour moi, et le stress que ça générait. Quand je leur ai demandé si je pouvais faire le téléphone depuis là-bas, histoire de ne pas être seule à ce moment, ils ont de suite dit oui, me redisant que d'avoir trouvé cette solution d'aide, était une très bonne idée.
Avant de raccrocher, ils m'ont dit de mettre dans une petite boite, tout ce qui se rattachait à ce coup de fil, sachant que de toute façon, ce soir, on ne pouvait rien faire de plus.
Ils m'ont fait un bien énorme.
Quelquefois, je suis dégoûtée par la lourdeur de mes incapacités, je me décourage, me dis que j'suis foutue, mais toutes les fois que ça arrive, j'me dis que, quand même, j'ai des tonnes d'autres capacités, que j'ai cette sensibilité qui me permet de comprendre les gens que j'aime, cette capacité de m'émerveiller de toute chose et que ma force, c'est d'être capable de le reconnaître, de retrousser mes manches, et continuer.
Me voici, un masque en moins, du moins pour ce soir......
11 juin, 2007
Une journée au pays des phobies sociales.....
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2 commentaires:
Waouh! Comme je te comprend... Ayant fait une dépression l'an passée (et essayant de m'en sortir depuis), je sais comment tu peux te sentir. Des fois, juste de devoir appeler pour payer un compte en retard ou faire un arrangement, c'est l'enfer, j'ai comme l'impression que j'y arriverais jamais et y'a des jours ou je pourrais soulever des montagnes et tout régler...!! C'est difficile de vivre ainsi. Moi aussi j'en ai un masque et des fois j'aimerais l'enlever, quelques heures, histoire de souffler un peu.. J'en ai marre de toujours sourire quand j'en ai pas envie.
Merci d'être passée Angharad :)
Oui, c'est essoufflant de vivre ainsi. Les tonnes d'énergies, j'aimerais mieux les mettres sur autre chose...
Tiens-bon et bonne journée :)
Chantal :)
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